Présidentielles 2022, c'est parti

Valérie Pécresse,
le V de la victoire suffira-t-il à lui faire gagner les primaires des
Républicains, si elles ont lieu.
Jugée trop Macron compatible, releguée au second plan depuis que Laurient Wauquiez s'est engagé 
aux côtés de Michel Barnier, elle n'a pas eu non plus la bonne inspiration
en se comparant pour 1/ 3 à Margaret Thatcher 


Il semble bien que l’on soit entré depuis le week-end dernier dans la campagne des Présidentielles. Alors que certains observateurs font part de leur crainte que cette élection ne soit marquée par un taux d’abstention record, les candidats commencent à se bousculer dans les portillons. Mais qu’ont-ils donc tous à convoiter le poste de Président de la République lorsqu’on voit comment cela s’est soldé pour ceux qui en ont fait l’expérience. Sarkozy adulé en 2007, jeté en 2012 ; Hollande, l’homme du consensus et de la synthèse finissant avec une côte d’impopularité sans précédent ; et maintenant Emmanuel Macron, la jeunesse, la start-up nation, le Nouveau Monde, autant de rêves auxquels les Français eux-mêmes n’ont pas adhéré. Jamais un président n’aura attisé autant de haine, voire même de dégoût si l’on en croit les slogans de ses détracteurs et les innombrables échafauds montés symboliquement en guise de prélude à sa condamnation à mort. 

Ils sont pourtant une palanquée à vouloir lui succéder, sûrs de réussir là où les autres auront échoué, sûrs d’avoir le bon diagnostic et les bonnes solutions. L’un veut, par exemple, interdire le salafisme, rompant de la sorte avec la laïcité et la sacro-sainte liberté de culte qui constituent le fondement et l’originalité de notre société républicaine. Une autre veut doubler le salaire des profs au nom d’on ne sait quelle démagogie corporatiste. Pourquoi ne pas doubler celui des caissières, des policiers, des infirmières, des éboueurs, des routiers, tous ces professionnels indispensables au bon fonctionnement du pays. Une autre encore plaide pour la décroissance au nom de la lutte contre le dérèglement climatique omettant de préciser que celle-ci commencera par la baisse des salaires. Et puis, il y a Eric Zemmour, à la fois adulateur de Napoléon et contemplateur du Général De Gaulle, dont les constats alarmistes qu’il dresse de la démocratie à la française, selon lui, dramatiquement déliquescente, esquissent, en échange une forte attirance pour les régimes coercitifs. Il n'hésite pas, dans ce sens, à afficher sa proximité avec Valdimir Poutine, dont il approuve les méthodes. Rappelons à ce sujet la façon dont il avait démontré qu’Alexeï Navalny n’avait pu être empoisonné par les services du président russe, bienveillant envers l'opposant, mais qu'il s'agissait en fait d'un coup bas orchestré par la CIA, nostalgique du bon vieux temps de la Guerre Froide. On peut en conclure qu’avec Zemmour, comme avec Philippot, une de leurs premières décisions, s’ils sont élus, sera de quitter l’OTAN et pourquoi pas, de soutenir les revendications territoriales de leur ami moscovite en approuvant sa prochaine annexion de la Biélorussie.

Les écologistes jouent le jeu de la primaire
De gauche à droite : Eric Piolle, Sandrine Rousseau, Yannick Jadot
et Delphine Batho
Qui aura la faveur des électeurs? Jadot part favori mais sa Macron-compatibilité
peut bien lui jouer un mauvais tour. Alors ?


Les prochaines Présidentielles sont donc dans la ligne de mire. Les écologistes vont désigner leur candidat à la suite des primaires qu’ils organisent à la fin du mois. Yannick Jadot est annoncé comme le grand favori mais l’expérience récente a démontré l’extraordinaire versatilité des votants et leur façon totalement improbable de désigner leur champion. Comment oublier qu’ils ont réussi, chez les Républicains, à éliminer, il y a cinq ans, Alain Juppé, que les sondages annonçaient à l’unanimité comme le futur président. Ils ont préféré l’allure renfrognée de François Fillon : on connaît le dénouement. Chez les Socialistes, c’est Benoît Hamon, que l’on s’accordait à considérer comme le moins présidentiable du lot qui a remporté les primaires. On connaît les résultats : 6% des voix, la gifle ! Dans ce contexte, rien n’interdit d’imaginer que Sandrine Rousseau, la plus radicale d’entre tous les candidats à la primaire écologiste en sorte vainqueure. On a eu un précédent en 2012, quand le très populaire Nicolas Hulot s’est fait éliminer par une certaine Eva Joly. Là aussi, on connaît le dénouement : 2,3 % pour les Ecologistes alors que 4 ans plus tôt, ceux-ci totalisaient 20 % de voix aux Européennes. Il faut dire que la suppression du défilé du 14 juillet et l’instauration d’un jour férié pour les Musulmans que souhaitait instaurer Eva Joly ont eu vite fait de réduire à presque rien son électorat.

Du côté des Républicains, ce n’est pas l’élection en elle-même qui semble poser problème mais le candidat. Le spectre des primaires de 2016 hante les esprits avec d’un côté Xavier Bertrand qui veut surtout s’en passer et Christian Jacob, le chef du parti qui ne sait pas comme s’en sortir pour maintenir l’unité de son camp. Valérie Pécresse a accepté de jouer le jeu des primaires parce qu’au vu de la concurrence, elle peut imaginer les remporter avant d’engager le combat fratricide contre Xavier Bertrand. Elle pourrait ainsi comparer le cavalier seul de ce dernier à une ambition purement personnelle, forte de la légitimité que lui conférerait l’investiture de son parti. Sachant que de cette rivalité ne sortira qu’un gagnant, on est en droit d’imaginer  qu’il va falloir sortir les casques lourds tant la bataille s’annonce rude. Mais prenons garde, la primaire n’a pas encore eu lieu. Philippe Juvin, Eric Ciotti et Michel Barnier sont là pour offrir la contradiction. Il n’est pas interdit que Valérie Pécresse s’emmêle les pinceaux et que les électeurs Républicains ne lui préfèrent, pourquoi pas Michel Barnier, lui, l'Européiste devenu souverainiste. Le soutien que vient de lui apporter Laurent Wauquiez pourrait même bien faire pencher la balance de son côté . Et il ne serait, si c’est le cas, pas inimaginable qu’il se rallie à Xavier Bertrand pour un ticket commun. Les sondages ne donnent-ils pas jusqu’à présent une longueur d’avance au Président des Hauts de France et même une avance en sa faveur dans le cas d’un second tour contre Emmanuel Macron.

Marine Lepen
Une affiche tout en opportunisme et en démagogisme
La thématique des Libertés chère aux Antivax qui arborent l'Etoile Jaune
est-elle vraiment compatible avec la docrine d'un parti centré sur la toute
puissance de l'Etat qui ne brille pas par le libéralisme de son idéologie

Marine Le Pen
ne sera jamais élue Présidente de la République, c’est ce qu’a déclaré Eric Zemmour lui-même. Il semble, effectivement que le plafond de verre soit en réalité de béton. En cas de duel Macron-Le Pen au second tour, elle perdra une fois de plus, la chose est sûre. Emmanuel Macron serait réélu, ce que, à en croire les sondages, les Français ne veulent plus. Il faudrait pour cela qu’elle n’arrive qu’en 3ème position. Le socle électoral  de Macron est suffisamment solide pour qu’il soit présent au deuxième tour. Ce serait, de ce fait, à Xavier Bertrand de passer devant Marine Le Pen pour être qualifié. Or, il plafonne dans les sondages aux alentours de 15% d’intentions de vote, 3 à 5 points derrière la représentante du Rassemblement National

Eric Zemmour, de la lumière à l'ombre, le côté obscur de la France
Il n'est pas encore candidat mais la simple idée qu'il puisse y aller affole déjà 
les compteurs
Il sait qu'il ne sera pas élu mais peut profiter de son audience pour imposer dans le débât 
ses thèmes obsessionnels que sont l'immigration, la race, l'islam et maintenant la peine de mort. 
Sa cible : l'électorat du Rassemblement National



Une percée d’Eric Zemmour, aux dépens de l’extrême-droite , aurait pour effet collatéral de servir les intérêts de Xavier Bertrand. Encore faudrait-il que certains, au sein des Républicains, ne se laissent pas séduire, eux aussi, par celui qui ose dire tout haut ce que les Français penseraient tout bas. On sait que le gaullisme a du plomb dans l’aile depuis plusieurs années mais les Français sont-ils vraiment prêts à tomber dans une forme de révisionnisme en réhabilitant, par exemple, la mémoire de Pétain, même arrangée à la sauce Zemmour. La vieille France conserve, certes, un certain charme, même désuet, mais de là à absoudre Papon ?  Qu’on se le dise dans les chaumières « This man is dangerous ». Le drapeau bleu blanc rouge qu’il embrasse avec grandiloquence à la manière d’un maréchal d’Empire masque astucieusement, sous les mêmes couleurs, l’aigle à deux têtes d’un autre empire, celui du tsar du Kremlin, son vrai boss. Votez Zemmour, c’est voter pour le parti de l’étranger, comme au bon vieux temps de Radio Paris.    

Anne Hidalgo, un charisme faible et un marquage parisien dont on se méfie 
en province.
De l'Hôtel de Ville à l'Elysée, il n'y a qu'un pas mais ce n'est pas demain que Macron lui déroulera 
le tapis rouge

A gauche, on se prend à rêver depuis qu’Anne Hidalgo a déclaré sa candidature mais à qui est-elle susceptible de prendre des voix. On la situe à 8% d’intentions de vote, juste derrière les écologistes et un Jean-Luc Mélenchon en perte de vitesse. Ajoutons-y au passage Arnaud Montebourg qui, comble de l’ego, a jugé de son devoir de se présenter, ne trouvant aucun candidat à sa convenance. Les résultats potentiels des toutes les personnalités issues de la gauche semblent, en fait, figés et seule une large union comme celle qui avait conduit François Mitterrand au pouvoir pourrait redonner le goût de la victoire à cette famille politique encore trop marquée par l’épisode raté de la dernière décennie.

Passons sur les figurants qui ne craignent pas le ridicule dès lors qu’ils affichent leur trombine sur les murs et jouissent de leur quart d’heure de célébrité à la télé. On ne les connait que trop, qu’ils s’appellent Dupont-Aignan, Asselineau, Philippot, Poutou, Arthaud, les habitués de la « lose » qui, persuadés d’avoir raison s’estiment toujours trahis par les médias à la solde du « Grand Capital » et à qui vous savez. Plusieurs d’entre eux ne cachent pas une certaine proximité avec Vladimir Poutine, encore lui.

Reste Emmanuel Macron, le Président. Ira, ira pas ? Parions qu'il va y aller même si, lui au moins, a une conscience éprouvée d'un mandat qui s'apprente au douze Travaux d'Hercule. Cinq années de Benalla, de Gilets Jaunes, de Covid 19, d’Anti-Pass, de « Macron Dégage » et d’amabilités en tous genres vous donnent une bonne dose d’anticorps. Mais voilà que cerise sur le gâteau, comme s’il allait lui falloir boire le calice jusqu’à la lie, c’est la Justice qui s’en mêle, lui faisant payer la nomination d’un avocat au poste de Garde des Sceaux. Les Juges n’ont d’ailleurs pas attendu pour crier haut et fort qu’un acte aussi hodieux constituait pour eux une véritable déclaration de guerre. 

Agnès Buzyn
En raison de son inaction, l'ancienne Ministre de la Santé est accusée d'avoir plus ou moins sciamment
provoqué la mort de milliers de gens. 
Prétendre que le masque ne servait qu'au malades a été une erreur stratégique. Mais le rendre obligatoire alors qu'on en avait pas aurait provoqué un climat insurrectionnel.

On pourra toujours débattre de la légitimité de leur ressentiment mais le fait est que l’on découvre aujourd’hui, avec un certain effroi, que les juges disposent d’une liberté sans limite pour condamner ou absoudre selon leur bon vouloir. N’ayant de compte à rendre à personne, ils règlent leur compte à qui bon leur semble. Agnes Buzyn, ex-Ministre de la Santé est leur première victime mais d’autres vont suivre, assurément. Elle vient d’être mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui » ; sa faute, n’avoir pas pris la mesure de la pandémie et provoqué plus ou moins directement provoqué la mort d’un grand nombre d’innocents. Nous étions alors au mois de février 2020, le Covid commençait à peine à frapper la France. Les experts ne savaient pas comment  appréhender cette épidémie tandis qu’à cette époque, nul n'imaginait encore devoir prendre des mesures arbitraires. N’oublions pas que l’Italie qui fut la première à confiner certaines villes a attendu le 9 mars avant d’agîr. 

Dix-huit mois ont passé et on ose croire aujourd’hui que le plus dur est derrière nous. Quelle faute a pu commettre alors Agnès Buzyn et surtout qu’aurait-elle du faire à ce moment là qu’elle n’a pas fait. Et pourquoi elle ? N’avait-elle pas pour l’épauler une équipe, des conseillers, des experts, des scientifiques aptes à évaluer les risques ? A la limite, les Juges n’en ont que faire. Ils mènent un combat politique contre Dupond-Moretti et le font savoir. Des plaintes adressées en masse au Parquet par le truchement d’une application informatique ont constitué une formidable opportunité pour ces revanchards. Après avoir réussi à mettre en examen leur propre ministre auquel ils reprochent d’avoir osé fourrer son nez dans leurs petits tripatouillages, les voilà qui se payent la tête d’un second représentant de l’Etat, peut-être bientôt d’un troisième, et même d’un quatrième. Quel tableau de chasse, et surtout avec quelle diligence. Ceux qui se plaignent de la lenteur de la justice en perdent même leurs Dalloz. Edouard Philippe mis en examen, ça aura de la gueule.

Erreur d'appréciation
C'est déjà si loin

L’affaire des masques constitue pour eux une manne providentielle. On a d’abord dit aux Français que les masques n’étaient utiles que pour les malades. Selon ce que disent aujourd’hui les Juges, la ministre de la Santé aurait dû décréter le masque obligatoire pour tous dès janvier. Or, faute d’une telle décision, elle a elle-même, condamné à mort des gens qui auraient eu la vie sauve s’ils avaient disposé d’un masque. Seulement voilà, des masques, il n’y en avait plus parce qu’on avait trop bien tiré la leçon du flop de la grippe H1N1. Le stock d’un milliard de masques constitué alors n’avait servi à rien et fini à la poubelle. L’opposition s’était même, à l’époque empressée de dénoncer le coût faramineux pour les contribuables de réserves d’autant plus inutiles que les pandémies appartenaient définitivement à des temps révolus et qu’on n’était plus au Moyen Age. 

Au moment où le Covid a commencé à se propager, il n’y avait, en conséquence, pas assez de masques pour 67 000 000 de Français. Dès lors, deux solutions se posaient au gouvernement : minimiser le risque,  le temps de constituer des stocks ou bien jouer la franchise en déclarant le port du masque indispensable, quitte à provoquer un climat de panique et d'émeute incontrôlables. La crise sanitaire aurait pu alors se transformer en guerre civile, générant une véritable criminalité et un gigantesque marché noir portant sur un accessoire d’ordinaire anodin mais devenu, d’un coup, essentiel à sa survie. Qu’aurait donc dû faire Agnès Buzyn qu’elle a omis de faire ? Aurait-elle du faire homologuer l’hydroxychloroquine préconisée par Didier Raoult? D'un point de vue chronologique, rien ne tient. L'infectiologue marseillais ne préconise l'hydroxychloroquine qu'à partir du 16 mars 2020. Or, cela fait précisément un mois qu'Agnès Buzyn a quitté son ministère, à un moment où l'épidémie est encore très marginale en France. Les fameuses interventions de Jérome Salomon, directeur général de la Santé se concentrent alors exclusivement sur l’évolution de la pandémie en Chine et dans les pays voisins. En France, à des milliers de kilomètres de Wu-Han, la ville où se concentre la maladie, on n’y croit pas parce qu’on a vécu la farce de la grippe H1N1 et qu’on trouve non seulement absurde, mais pire encore, ridicule de donner plus d’importance à ce qu’on appelle une gripette. C’est, en revanche, bien la première fois qu’un ministre est mis en examen pour ses décisions politiques. On a connu les trafics d’influence, les détournements d’abus de biens de sociaux, les affaires de corruption, mais condamner un membre d’un gouvernement pour n’avoir pas su anticiper de la bonne manière un phénomène planétaire totalement hors norme n’est qu’un nouvel épisode de cette guerre que le pouvoir judiciaire livrera à l’exécutif tant qu’Eric Dupond-Moretti aura ses quartiers Place Vendôme.

Alexandre Benalla ou le syndrome d'Icare

Ira, ira pas ? Pour Emmanuel Macron, la dernière ligne droite de son quinquennat va être occupée par l’affaire Benalla, un simple hasard du calendrier. Le procès va durer trois semines et là encore, les Juges risquent de s’en donner à cœur joie pour pourrir la vie du Président de la République. Le dossier est d’un vide sidéral mais il croustille rien qu’à l’idée qu’on va pouvoir mettre son nez dans les appartements calfeutrés de l’Elysée. Alexandre Benalla: un jeune homme issu de l'immigration (mauvaise pioche) auquel il est reproché d’avoir voulu se faire une place parmi la « Haute » et qui a cru qu'il était devenu important du fait qu'il avait la confiance du Président. Il s'est cru justicier en tentant manu militari de passer les menottes à deux jeunes qui lançaient des bouteilles sur les Forces de l’Ordre. Erreur ! il aurait mieux fait de les regarder sans rien faire car comme chacun sait, « Tout le monde déteste la police ». Il porte une arme sans permis valable, il se promène avec un passeport diplomatique alors qu'il n'est que chargé de mission auprès d'Emmanuel Macron : c’est terrible, il se prend carrément pour OSS 117. Et le coffre ? Le coffre qui devait renfermer des documents ultra-sensibles ? Envolé, disparu. A-t-il seulement jamais existé? Etant donnée la gravité des faits, avec Eric Zemmour aux commandes, cet homme mériterait assurément  la peine de mort pour imposture, usurpation et haute trahison. Il n'y a que dans les films américains que les Hommes du Président ont la côte

Ira, ira pas ? Macron a le temps. François Mitterrand avait annoncé qu’il était candidat à sa réélection tout juste un mois avant le premier tour du scrutin. Alors, patience…….

Commentaires

Articles les plus consultés