Macron 2022 : le "Pass" ou ça casse

 



"Macron Démission", un refrain auquel on s'est habitué depuis quatre ans,
sauf que le Président honnis est toujours là.
Et le pire du pire est qu'il risque d'être reconduit pour un second mandat.
Ce n'est pas encore pour demain que le pouvoir sera à la rue.

Lundi 12 juillet à 20 heures, devant des millions de téléspectateurs impatients de savoir ce qu'il allait  leur annoncer sur la lutte contre le nouveau variant DeltaEmmanuel Macron a, en fait, lancé sa campagne dans la perspective des prochaines Présidentielles. Pour ceux qui l’auraient déjà oublié, dans un peu plus de huit mois, les Français vont être appelés aux urnes pour élire le futur Chef de l'Etat. Tout a commencé dans les Hauts de France suite aux dernières Régionales, lorsque fort de sa victoire triomphale sur le Front National (comme il persiste à l'appeler), Xavier Bertrand a déclaré qu'il se verrait bien Président en 2022. Valérie Pécresse vient elle aussi de se lancer dans l'aventure. A n'en pas douter, d'autres ne tarderont pas à lui emboîter le pas.

 Cela va faire cinq ans qu’à gauche comme chez les Républicains, on se prépare, dans les starting-blocks, à se débarrasser, le moment venu, de l'usurpateur qui a eu l'audace de voler une élection promise à François Fillon, privant par là même la France d'un programme qui aurait eu l'utilité de supprimer 30% des fonctionnaires, à commencer par les... très couteux hôpitaux. Mais depuis, le temps a passé et Emmanuel Macron s’est, semble-t-il, habitué au costume présidentiel. On peut dire qu'à son âge, l’heure de la retraite est loin d’avoir sonné car, même si l’idée qu’il ne se représente a effleuré les esprits, on ne peut, en toute logique, imaginer qu’il s'arrête en si bon chemin, sauf à passer pour un loser "grave". 

L'image sépulcrale de François Hollande en 2016
Du "plus jamais ça" pour aucun candidat 

Le souvenir de François Hollande renonçant, la larme à l’œil, a briguer un nouveau mandat, s’est figé dans la mémoire collective comme l’aveu d’un échec entachant à jamais l’héritage dont devrait par principe se targuer un président. Quelle tristesse, en effet, pour un homme politique appelé cinq ans plus tôt aux plus hautes fonctions que de s’avouer piteusement vaincu, incapable d’afficher l'ombre d'un résultat digne de l'autoriser à se représenter devant les Français. La leçon a servi. Entre un Sarkozy éliminé en 2012, malgré une stratégie de communication à l'Américaine et un Hollande tragi-comique dans la pénitence, Emmanuel Macron n’a d’autre choix que de continuer à "tailler la route", fût-elle parsemée de chausse-trappes. Il aura, plus qu'aucun autre avant lui, connu un quinquennat hors norme, faisant de son pays le plus attractif d'Europe tout en voyant, en même temps, une frange d'opposants sombrer, par esprit bravache, dans l'ultra-violence gratuite. On n'avait, cependant, encore jamais vu, sous la Vème République, des gens s'en prendre avec autant de haine à la personnalité de leur Président, allant jusqu'à mettre en scène sa décapitation symbolique sous le couperet de la guillotine. Imaginons, ne serait-ce qu’un dixième de seconde des dirigeants comme Xi Jin PingVladimir Poutine ou son triste sbire Loukachenko se faire traiter de la sorte par des manifestants. 

La peine de mort, les antivax en ont fait une priorité au nom de
leur lutte contre la dictature.
C'est un peu comme Che Guevara, ministre, dont le maître-mot était
"je fusille, je fusille, je fusille!"
Fusillez les vaccinés !

Mais venons-en à nos moutons. Tiens justement, les moutons, les vaccinés, ceux qui ont accepté par lacheté de se soumettre; "bêêêhh!" leur lancent des anti-pass hargneux se faisant passer pour une contre-police sanitaire bien que pour la plupart des "fachos" déguisés. Ils  n'ont rien trouvé de mieux que de détourner de façon outrageante la symbolique de la dernière guerre, arborant une étoile jaune ostentatoire (étrange jeu de rôle pour des antisémites assumés) tout en traitant le gouvernement de nazis. Ils dénigrent avec le tact et la retenue qui les caractérisent le "troupeau bêlant "qui attend résigné de se faire piquer, le qualifiant rageusement de "collabos" ou de "putes à Macron". Ils se proclament, quant à eux, durs au virus,  bien qu''habituellement tenants d'une ligne bureaucratique autoritaire pour ne pas dire militariste, devenus par l'intercession du Saint Covid des néo-libertariens anarchisants, préférant mourir pour leur foi que de vivre vaccinés. 

En fait, la situation est claire. Il y a le camp des "suppots de Macron" , taxés de défaitisme du fait qu'ils en en ont assez des restrictions, des attestations dérogatoires, du couvre-feu, des masques, du gel, des jauges, des restos et des musées fermés avec face à eux, les prétendus patriotes qui se sont fort bien accommodés du confinement dès lors qu'ils ont perçu leur salaire en restant bien au chaud devant Netflix. Ils auraient pu dire '"Merci Macron", mais non, la haine est trop forte. Ils sont toujours prêts à tout, quitte s'il le faut à saisir les armes, pour que ça ne change pas. Ils en ont si bien profité avec la mutiplicité des aides sans restrictions, usant à profusion pour rester à la maison du sacro-saint principe de précaution, qu’ils sont terrorisés à l'idée que le retour à la vraie vie ne soit aussi celui des problèmes en tous genres. Alors ils veulent que ça continue et ne supportent pas que ce soit une toute petite piqure d’un peu moins de cinq secondes qui vienne compromettre le confort dans lequel ils se sont prélassés durant des mois. On les entend qui s’insurgent contre un vaccin dont ils ignorent les effets à 30-40 ans comme si dans ce pays, hormis lorsqu'on est fonctionnaire, on savait par avance ce que sera notre vie en 2050 voire 2060. On manque de recul, disent-ils, mais on sait bien qu'à force de reculer pour la photo, on tombe du haut de la falaise. Et pour ceux qui auraient encore des doutes, on n’a jamais gagné une bataille en reculant mais en avançant. Les anti-vax ont la frousse à l'idée de se voir injecter des produits prétendus mutagènes mais se gavent dans leur alimentation de perturbateurs endocriniens et de substances cancérigènes avérées sans que cela les questionne. Le recul ! comme en 40 avec Chaudard et Cie, on sait où ça nous a mené.  

Antivax, nous voilà
Le message a enfin le mérite d'être 
clair

Allez, finie l’esbrouffe, soyons clairs, pour une fois, la crise sanitaire a bon dos. Pro-vax ou anti-vax ne représentent jamais que la cartographie d’un pays fracturé entre les pro-Macron et les contre. Je suis pour Macron, donc je me fais vacciner ; je suis contre, donc pas question qu'on m'injecte. Et le Covid dans tout ça ? Mort de rire ! La campagne de 2022 a bel et bien commencé et force est de reconnaître que l'opposition au vaccin est d'autant plus radicale qu'il leur semble que le Président a repris la main. Son discours du lundi 12 juillet s'est voulu une déclaration de guerre au Covid mais les anti-vax ont compris qu'ils étaient dans le viseur. L'intervention de Macron a eu, en revanche, pour effet de mobiliser les mous, cette catégorie majoritaire mais traditionnellement silencieuse qui se réveille quand elle sent qu'il y a le feu dans la maison. C’est de l’enveloppe qu’elle glissera dans l’urne en avril prochain que sortira le nom du prochain président. Et l’on sait d’ores et déjà que l’issue de la crise sanitaire sera le facteur déterminant du scrutin. Emmanuel Macron a donc lancé sa campagne 2022 le lundi 12 juillet dernier, conscient que le compte à rebours a commencé et que la façon dont il aura, ou non, jugulé la crise sanitaire, sera le critère de sa réélection. Ou il aura triomphé du Covid et pourra s’en servir d’un argument de poids ou il aura failli et finira comme Hollande. Les Pieds Nickelés de l’opposition n’ont d’ailleurs pas tardé à se mobiliser, usant de l’outrance que leur autorise la marginalité de leur discours. 

Et il est toujours là !
Mais cet homme ne peut être que le Diable en 
personne

Les AsselineauDupont-Aignan et Philippot (Флорян Фйлипо, dont on se demande en raison de son allégeance sans faille à Vladimir Poutine, s'il faut écrire son nom en Français ou en russe), leader des prétendus "Patriotes" (Патриоти) d'abord connus pour servir de marchepied à une puissance étrangère de l’est qui ne brille guère par son dynamisme à enrayer l’épidémie, se sont forgés des slogans qui feraient sourire s’ils n’étaient accompagnés de débordements violents, voire de menaces de mort émanant de leurs militants les plus excités. Aucun des arguments que peuvent inventer ces apôtres de la fake-news ne tient face au simple bon sens mais leur combat politique les oblige à la surenchère perpétuelle. Une intox est à peine démontée qu’une autre lui succède tant dans le registre de la désinformation, tous les coups bas ont force de loi. Ces méthodes correspondent étrangement à la façon de certaines agences russes plus ou moins officielles d'infiltrer les réseaux sociaux et d'en faire leur zone d'influence. Ils sont, en conséquence, des dizaines de milliers abreuvés de complotisme à deux balles, à se vautrer dans la fange des rubriques à brac allant de la collusion entre les laboratoires et les états jusqu'à la négation même du virus. 

L’abondance dans laquelle nous évoluons depuis quelques décennies nous a aveuglés au point que, sous prétexte que nous ne craignons rien pour nous-mêmes, nous en oublions qu'au nom de la soi-disant défense de notre liberté, nous faisons d'abord preuve d'égoïsme, n'ayant que condescendance pour  les plus fragiles qu'il faudrait, en revanche, vacciner de force s'ils ne se décidaient pas à mourir d'autre chose. Et alors, c’est le tribut à payer, n’est-ce pas ? Les meilleurs - entendons les non- vaccinés - survivront, tandis que les autres, les faibles, devront périr. On n’y peut rien, c'est ainsi que s'opère la sélection naturelle. Voilà qui rapproche, en fait, des théories "fascisantes" qui ont eu cours dans les années trente et dont on connaît le triste dénouement.

c'est tellement jouissif d'arborer une Etoile Jaune quand on est du 
côté de ceux qui n'ont rien à craindre
Honte à ces "Surhommes" opportunistes

Depuis les annonces d’Emmanuel Macron, on s’agite de toutes parts, de peur qu’il ne réussisse son pari d’enrayer la pandémie. Les plus farouches de ses opposants ont ressorti les pancartes assassines, remplaçant la potence et le pantin de paille par des affiches tout aussi explicites, n’hésitant plus à faire du QR code sanitaire le symbole de la dictature. Il leur faut faire fort car le temps presse. 

Au cri de « prenons d’assaut les permanences parlementaires », ils ont tenté de refaire la marche sur le Capitole organisée par Donald Trump, leur idole. Ils ont échoué mais on a vu des Gilets Jaunes qu'on avait fini par oublier trouver là, l'occasion de se recycler. Leur antimacronisme viscéral les reconvertit en anti-vaccin.  Et ils se mobilisent, prêts à user de tous les moyens pour que Macron ne rempile à l’Elysée. Il est donc, à les entendre, impératif qu’il échoue, peu importe la méthode. La quatrième vague a commencé mais nous sommes en été et les effets du virus restent encore limités, comme ce fut le cas l’été dernier. C’est, à l'époque, en octobre que les choses se sont gâtées et qu’il a fallu reconfiner. Cette année, il est indispensable pour les anti-vax que cette nouvelle vague se renforce à l’automne car si, par malheur, le pays est, entre temps, parvenu à l’immunité collective, le Président aura le beau rôle de dire que c’est grâce à son action si nous sommes venus à bout de la pandémie. Les oppositions devront alors se contenter des miettes et patienter cinq ans de plus avant d’espérer revenir aux commandes. Une telle perspective serait pour elles insupportable. Macron réélu ? Lui, Méprisant 1er, le Président des Riches, marié contre nature à une femme plus âgée que lui, ce banquier à papillotes aux ordres du clan Rotschild qui parle anglais pour masquer à son peuple la vacuité de son discours, comment tolérer qu’un héritier de Dreyfus, ose présider aux destinées du pays du Général….euh ! du Maréchal. Mieux vaut déclencher une guerre civile purificatrice que d’envisager une telle descente aux enfers. 

Ils ont donc investi les rues, peu nombreux mais forts en gueule, agglutinant à leurs côtés les Maurassiens nostalgiques des Croix de Feu et les tenants de l’Algérie Française, sociologiquement hostiles à l’avortement, à la pilule ou même à Vatican 2. Ils ne veulent pas d’un Pass Sanitaire, préférant rester des passagers clandestins, des voyageurs sans billet qui profiteraient sans rien débourser des mêmes avantages que ceux qui ont payé leur place. Ceux qui s’indignent du rôle, selon eux, liberticide du Pass Sanitaire usent de toute une batterie d’arguments plus fallacieux les uns que les autres. La fin de nos libertés et l’instauration d’une dictature sanitaire sont les arguments mis en avant par une opposition fourre-tout dont on se demande si elle ne préférait pas finalement les couvre-feux et les confinements qu'elle avait docilement accepté. Selon leur logique du « aujourd’hui Castex rase gratis », les mesures du "quoiqu'il en coûte" auraient été d'autant moins liberticides qu'elles constituaient en fait un abreuvoir à pognon pour une catégorie très satisfaite de voir gonfler son compte en banque sans effort. Faudrait-il en conclure que moins que le Pass Sanitaire, c'est le retour au travail qui serait liberticide, comme si le fait de rester cloîtré entre quatre murs eut été une chance plus qu'une punition. Une chance, effectivement, pour les paresseux, les profiteurs, les allocataires malicieux dont on a entendu qu’ils respectaient par civisme les rigueurs du confinement en ne sortant de chez eux que pour récupérer sur leur tapis de porte les colis envoyés par Amazon. Pour eux, l’idée d’un déconfinement est tout sauf une bonne nouvelle.

 

Tous des moutons
Juste des gens qui veulent pouvoir tomber le masque. Ça vous choque ?

Avec un vaccin accessible et surtout gratuit pour tous, y compris les plus précaires, nous avons désormais le bonheur de retrouver notre liberté d’aller et venir sans masque mais c’est peut-être de cela qu’ils ne veulent pas parce que le mérite risquerait d’en revenir à Macron. Une telle probabilité est inenvisageable pour tous ceux qui n’ont jamais considéré son élection que comme une imposture. Plutôt mourir du Covid, ce sera toujours moins douloureux que de savoir ce sinistre sire 5 ans de plus à l’Elysée. La campagne des Présidentielles a donc bien commencé. La lutte qui commence ne connaîtra pas de répit. Il y aura les vaccinistes pour qui la victoire sur la pandémie sera le marqueur à partir duquel sera jugé le quinquennat d’Emmanuel Macron et de l’autre le cortège houleux des antis, des Gilets Jaunes, des Insoumis, des Патриоти ou des mécontents systémiques conscients que leur victoire éventuelle dépendra de la façon dont le Président aura eu raison, ou non de la pandémie. Celui-ci l’a bien compris et sait que, pour lui, le temps des gentillesses a touché à sa fin. Car dans ce monde cinglé où le pire reste toujours à venir, il est possible que les anti-vax s'allient au Covid pour favoriser sa diffusion, conscients que c’est uniquement grâce à l’extension de la maladie qu’ils jetteront Macron dehors.

La rentrée sera chaude mais c'est l'hiver qui risque d'être torride dans l'attente de l'élection. Dés lors, les paris sont ouverts quoiqu'il soit, au final, fort probable que les affreux "collabos" , se retrouvent bien plus nombreux que les gentils "Patriotes" et ne reconduisent le même président à l'Elyée. Tout ça pour ça!!





Commentaires

Articles les plus consultés